posté le 18-07-2013 à 02:13:57

" C'est comme ça ! " 

 

 

 

 

 

 " C'est comme ça ! " ... Qui dans sa vie n'a pas reçu comment réponse à une question, un " c'est comme ça " frustrant et réducteur ? Ou à l'inverse, qui n'a jamais été tenté de répondre ça à une question dérangeante ?

Je crois qu'a l'heure actuelle, il n'existe pas de phrase dans la langue française qui m'exaspère plus.

Il est vrai que je pose beaucoup de questions. Agaçantes souvent. Parce que les gens n'en connaissent pas la réponse. Mais dire " C'est comme ça " revient à dire " cherche pas, accepte, et tais-toi", chose qu'évidemment, je déteste.

 

Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas levé dans le bus lorsque la vieille dame est entrée, mais que tu ne sauces pas ton assiette au nom d'un soit-disant savoir vivre ?

C'est comme ça.

 

Pourquoi il serait déplacé de demander son prénom à un professeur quand celui d'une caissière est exposé en badge sur sa poitrine ? C'est injuste non  ? 

Oui, mais c'est comme ça.

 

Pourquoi est-ce que les gens qui ont de hauts diplomes sont plus pris aux sérieux que ceux qui n'en ont pas ? Il existe des artisans plus intelligents que des médecins ! 

Peut-être, mais c'est comme ça.

 

 

Pourquoi on surconsomme comme si demain n'existait pas ? Comme si ça n'aurait jamais de conséquence. Pourquoi on gaspille alors que certains aimeraient juste manger pour survivre ? 
Le monde est comme ça, on ne peut pas changer les choses. 

 

 

Pourquoi dit-on " normal " pour désigner quelque chose qui, pour d'autres, ne l'est pas du tout ?

Je sais pas. C'est comme ça.

 

 

 Les " c'est comme ça ", moi, ça me fatigue. La première chose que j'ai lu en abondance lorsque je me suis découverte précoce, c'est des passages entiers de livres sur la difficulté des HP a supporter l'injustice, leur façon particulière de vouloir toujours changer le monde. 

Le problème, c'est que changer le monde, c'est compliqué. Et que, quand on tente de poser des questions pour tater le terrain du " changement ", on obtient pour réponse un " c'est comme ça " on comprends aussi que c'est le monde qui n'est pas prêt pour changer.

 

Mais que c'est difficile de supporter tous les jours une société détestable...

En cours de français, cette année, nous étudions Ionesco. Une phrase analytique de ma prof m'avait marquée : " Bérenger se rend compte d'un chose : la véritable fatalité, ce n'est pas de mourir. La véritable fatalité, c'est d'être humain et de ne rien pouvoir y faire "

 

Ce qui me fait penser à tous ces HP que je connais et qui aimeraient changer le monde. Qui font des projets, qui y croient, qui sont prêts à tout donner, mais qu'une seule phrase peut réduire à néant.

 

Le paradoxe intervient encore : D'un côté, je suis contente de faire attention à l'énergie, à l'eau, à la consommation. Par respect pour ceux qui n'en ont pas, par peur de l'avenir aussi... Je suis contente de faire attention et de ne pas être trop engluée dans la sur-consommation ( je le suis quand même, comme tout le monde ici, mais je limite au maximum ).

 

 Mais d'un autre côté, qu'est-ce que ça me rend malheureuse. Toutes ces injustices, le fait d'y penser tout le temps, le fait de ne pas vivre pleinement comme tout le monde par question de conscience, de vouloir changer le monde mais de me sentir tellement abattue et découragée quand on me répond " n'importe quoi, un médecin, c'est forcément plus intelligent qu'un vendeur ! Et puis c'est comme ça et pas autrement ! " 

Quelque part, c'est la problématique même du livre de Martin Page " Comment je suis devenu stupide " sur le fait que souvent, on agit en ayant conscience des répercutions, des injustices, mais on sera toujours malheureux de l'impuissance, soit on se place dans une position de déni complète, on fait comme si les pauvres n'existaient pas, comme si le monde se limitait à nos 4 murs, et on consomme et profite pleinement des avantages matériels de la société. 

 

 

 

Etant idéaliste, je crois en le bonheur ( avec des petits b ^^ ) , et je suis convaincue qu'il passe par tout sauf le matériel. Mais depuis toujours, on nous dit que pour être heureux, il nous faut une maison, une piscine, un jardin à la pelouse plus verte que celle du voisin, une belle voiture, un compte en banque bourré, un bon travail, un mari, des enfants. 
Alors on a fini par le croire.  

 

Récemment, on m'a dit en parlant de mes études " j'espère que tu iras loin "

 

 j'ai répondu " j'espère que j'irai précisément là où j'ai envie d'aller. Que ce soit loin où la porte d'à côté. ".
Si plus tard j'ai des diplomes, je les aurai parce que j'aurai eu envie de faire des études. Parce que le sujet m'intéressait. Pas parce qu'il faut être enseignant chercheur ou medecin pour se payer la maison à la pelouse la plus verte du quartier.  

 

J'ai toujours envie de refuser le " c'est comme ça "... De me dire que rien n'est une fatalité et que le monde peut être changé.

Mais aujourd'hui, je ne sais plus si c'est le bon choix. Si je ne ferais pas mieux de juste hausser les épaules et de me dire " c'est comme ça. ça changera pas. " :(

 


Commentaires

 

1. rabah  le 07-02-2014 à 18:59:25

ça va je suis pas le seul à être énervé et à m'en prendre plein la gueule quand je me pose des questions sur le bien-fondé de pas mal de choses qui ne tournent pas rond sur terre, je me sentais comme un idiot parce que je n'arrivais pas à assimiler des leçons de vie et d'idées préconçues alors que tout le monde acceptait facilement, c'était instinctif ma répulsion, jusqu'à ce que je réalise que j'avais simplement su remettre en question la nature et que la plupart de ceux qui me reprochaient de remettre ça en question n'étaient que des personne en qui se laissaient dicter leur façon de penser et qui sont dans un déni trop profond dans leur conscience du monde qu'il ne se prennent pas la tête à réflechir

 
 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article